Le Chant de l'Arbre

Communication interceptée par les satellites espions de Chandelarbre :

"Tout est prêt, seigneur Khran. La situation s'est stabilisée sur Esranurque, et leur "reine des couleurs" a annoncé sa venue prochaine sur Chandelarbre.
-Elle n'a pas le choix. L'empire se disloquera en quelques jours si elle ne le rassemble pas. La chute de Volodine va donner beaucoup d'idées d'indépendance.
Lorsqu'elle débarquera à Port-aux-Etoiles, réservez lui un accueil grandiose. Qu'elle croie qu'on l'aime de nous avoir libérés. (rire mauvais)
Puis nous lui ferons un proposition qu'elle ne pourra pas refuser.
-Vous voulez dire... ?
-Je veux dire.
-Il n'y a pas d'autre moyen ?
-Tous moins efficaces. N'oublie pas une chose, fils. Quand on est au service d'un Dieu, seul le succès compte. Arzah ne tolère pas l'échec.
-Arzah est grand.
-Oui mon fils, et bien plus que ton esprit étriqué ne peut l'imaginer."

C simpathique j'attend la suite avec impatience

Acte 1 :

Sur un saut galactique de moins q'une heure-lumière, le Psylomélane entra dans l'orbite de Chandelarbre. Les bouclier s'ouvrirent pour lui laisser le passage, et bientôt le croiseur modifié survolait des champs de cristaux à perte de vue, en attente de l'autorisation d'aterrir à Port-aux-Etoiles.
Celle ci vient rapidement, et la cité se profila aux yeux de Nisura et de ses compagnons.

Peu étendue, elle restait cependant gigantesque par la taille de ses bâtiments. Certains paraissaient dater de milliers d'années et étaient taillés directement dans la roche. Quelques autres semblaient très récents avec leur structure bétonnée, et détonnaient vraiment dans le paysage.

Une petite foule les attendait sur la piste d'aterrissage, agitant les bras en signe de bienvenue.
Ils accueillirent les Esras comme des sauveurs. Léger détail dissonnant, ils étaient tous encagoulés de capuches noires pointues, et ils paraissaient pour la plupart armés.

Le petit groupe d'ambassadeurs fut escorté civilement, mais fermement, jusqu'à une grande salle où les attendait un homme.
Grand, chauve et vêtu de noir, il les fixa tour à tour avec un regard bleu acier où ne perçait aucune émotion.

"-Khran, grand archonte de Chandelarbre. Nisura Sèmerance, reine des couleurs d'Esranurque.
-Merci, fils. Mes amis, c'est avec gratitude que nous vous accueillons à Port-aux-Etoiles, vous qui nous avez libérés du terrible despote Volodine. J'ai appris votre volonté de reconstituer l'empire sous une nouvelle bannière, et je l'approuve.
Cependant, vous comprendrez bien que nous refusons de voir Chandelarbre exploitée sans vergogne comme par le passé.
Il fit une pause, que Nisura mit à profit d'un ton péremptoire.
-Aux fait, seigneur Khran, aux faits."

L'autre eut l'air interloqué, puis poursuivit d'un ton moins solennel.
"Nous acceptons d'intégrer votre empire, aux conditions suivantes :
Chandelarbre gardera son propre gouvernement indépendant.
Le cristal de nos cultures vous sera commercé à tarif préférentiel.
De plus, le culte d'Arzah sera institué religion d'empire.
-Ne dites pas n'importe quoi, Khran, coupa froidement Nisura. Chandelarbre est trop jeune pour briguer l'indépendance.
De plus vous demandez protection et monopole religieux sans apporter de compensation.
Jamais Esranurque n'acceptera pareille proposition. Il lui serait bien plus profitable de vous annexer par la force.
-Détrompez vous, Esra. Chandelarbre est très capable de se défendre, et nous sommes même en possession d'une flotte capable de rivaliser avec la votre.
De plus, "reine des couleurs", vous n'êtes pas vraiment en position de me menacer."
La tension monta dans la pièce, et des mains se tendirent vers leurs armes.
-Du calme, Khran. Ecoutez plutôt la proposition que je suis venue vous faire. Notre protection armée nous est offerte, ainsi qu'une aide au développement en matières premières. En échange, vous nous fournirez un pourcentage de votre production cristalline. Quant à votre religion, vous serez libres de la pratiquer où bon vous semble, tant qu'elle respectera le code Esra.
-IL EN EST HORS DE QUESTION ! Cet empire sera celui d'Arzah, où ne sera pas !
Il s'était mis à hurler, hors de lui. Instantanément, le regard du foudresprit de Nisura se vida, prêt à l'action.
-Capturez la reine !" cracha Khran avec rage.

A peine eut-il terminé sa phrase qu'une détonation silencieuse fit vibrer l'air.
Instantanément tous les humains de la pièce se tordirent de douleur en se tenant la tête.
Les cinq autres Esra dégainèrent leurs déflagreurs et se mirent à tirer à tout-va.

Soudain un poignard de lancer fendit l'air et se ficha dans la poitrine du foudresprit, libérant les humains de son emprise.
Khran, protégé par la faveur d'Arzah, n'avait pas été affecté par l'attaque psychique.

Nisura tendit son esprit vers celui de l'archonte dans le but de l'étouffer.
Elle eut alors une vision d'Arzah, maître de l'esprit de Khran, et son esprit hurla d'horreur devant la noirceur de son âme.
Paralysée, elle assista impuissante à la mise en pièce de son escorte par des humains quatre fois plus nombreux.

Quelques minutes plus tard, Nisura s'enfonçait pieds et poings liés dans les profondeurs de la vieille cité, où l'attendait un cachot obscur.

Assise seule dans sa cellule,
Nisu se rongeait la virgule

En priant
de n'avoir pas le temps
d'en arriver au point
d'en faire un point.


"Mais quelle idée m'a prise
Qui m'a fait me jeter
Les doigts en premier...
Dans la prise ?"


Telles étaient en gros les pensées
De la belle isolée.

Acte 2 :

Dans le noir, le temps n'existe pas. C'est la conclusion à laquelle Nisu en arrivait quand la lourde porte de sa geôle s'ouvrit en grinçant surune sillhouette sombre.

Nisura se recroquevilla, s'attendant au pire.
"-Alors, reine des couleurs, on a peur du noir ?"
La voix de Khran était méprisante.
"C'est malheureux, car ici le noir est roi. Et quand la lumière meurt, il n'y a plus de couleur.
Il éclata d'un rire rauque qui fit frissoner Nisura. Cet homme prendrait plaisir à la faire souffrir.
Maintenant, sale alien, nous allons jouer à un jeu ensemble. Je vais te poser des questions, beaucoup de questions, et toi tu vas faire tout ton possible pour me donner les réponses.
Si tu gagnes, autre question. Et si tu te trompe, ou que tu essaies de me mentir, je me ferai un plaisir de laisser Arzah consummer ton esprit, petit bout par petit bout, jusqu'à ce que ce ne soit plus qu'une plaie.
Première question ? Ai-je été assez clair ?
Nisura décida d'être franche.
-Vas te faire enculer, sale petit fils de putain vérolée !
Tes questions, tu peux te les carrer dans le f..."

Elle ne termina pas sa phrase, car elle perdit conscience avant. Elle entra dans une sorte de rêve étrange, où elle était seule au milieu du vide.

Soudain une présence inquiétante s'invita dans le songe, et se mit à tourner autour de Nisura à une vitesse vertigineuse. Nisura ressentit le même sentiment d'horreur que lors de sa première rencontre avec Arzah. Ailleurs, son corps hurla.

L'interrogatoire dura plusieurs heures.
Nisura refusa de donner les codes du bouclier d'Esranurque, et Khran repartit bredouille.

Mais pendant des heures Arzah joua avec l'âme de Nisura, détruisant tout ce en quoi elle avait confiance.
Il lui instilla le doute et la perversion, patiemment, jusqu'à ce que l'esprit épuisé de Nisura y soit réceptive.

A la fin de la journée Nisura n'était plus qu'un animal sauvage et dépravé. Son regard était fou. Son aura jadis harmonieuse était maintenant striée de zébrures blafardes, et des germes de vice s'y développaient en masse.

Mais elle n'avait pas parlé.
Lorsque Khran la quitta, avec un regard ou perçait la pitié il lui dit :
"Courage. Moi aussi, je suis passé par là."

Brisée, Nisura resta seule, recroquevillée au fond de sa cellule.

Acte 3


Bruit de la pierre frottant la pierre. Une porte dérobée coulisse. Une silhouette, deux silhouettes féminines se découpent dans la pénombre.
Un murmure se répercute le long du couloir désert.

"-Je la sens. Elle n'est plus loin. Pourvu qu'il ne soit pas trop tard.
- Il est trop tard. Les pierres crient leur horreur face à ce qui s'est passé aujourd'hui ici.
-Peut-être pouvons nous encore la sauver. Il faut essayer.
-Réfléchis un peu avant de ramener une corrompue chez nous. Après, il sera trop tard.
-Tu te vois dire à l'Archimage qu'on a fait demi tour parce qu'on a "supposé" qu'il n'y avait plus rien à faire pour elle ?
-Non, pas vraiment, en fait.
-Alors on y va."

Les deux silhouettes se faufilent à pas feutrés jusqu'à la cellule de Nisura.
Pas de garde, pas un bruit, le chemin est libre.
La plus petite des deux femmes a vite fait de crocheter la serrure.

Dans l'ombre, Nisura relève la tête. Son visage est livide, son regard est fixe, et aucune lueur de reconnaissance n'y passe.
"-Nisura ? fait la plus grande d'une voix douce.
-Arzah ? Celle de Nisu est rauque, comme si elle avait hurlé pendant des heures.
-Non, Arzah n'est pas là, Nisura Sèmerance. Nous sommes venus vous sauver.
-Arzah, fait Nisura d'un ton buté.
Les deux jeunes femmes se regardent, désemparées.
-Tu peux te lever ? Viens avec nous.
Pas de réaction.
-Lèves toi, Arzah veut te voir, tente la plus petite après plusieurs essais.

Aussitôt Nisura est debout. Quelques secondes plus tard, la porte dérobée se referment sur elles.

Yggdrasil




L'eau se rapproche à toute vitesse.
Dans le chasseur, tous se crispent, s'attendant à s'écraser comme un mouche sur un vitre, mais en plus mortel.

L'eau s'ouvre au dernier moment et avale l'appareil.

J'adores, c'est magnifique continue continue j'attends la suite avec impatience

rp de grande qualité, bravo à toi.

L'Archimage a l'air préoccupé.
Devant lui, Nisura fixe les motifs du carrelage.
"-Elle a l'air complètement débile, vous êtes d'accord ? Comme si son esprit s'était fermé pour protéger sa faculté de jugement.

-Elle a compartimenté son esprit.

-Merci de nous prêter ta science, Zoroastre. Seulement, tâches que ça serve, la prochaine fois.

-Elle a peut-être réussi à cacher une partie de son âme ? intervint une femme agée.

-A voir l'état de son aura, il ne doit pas rester grand chose de sain. Mais si l'être intérieur vit encore, il peut se relever. Pas sans aide, bien sûr. Arzah s'est assis dans ce crâne, il faut l'en déloger.

-Arzah ! s'exclame Nisura avec adoration.

-Et elle n'a pas l'air d'avoir envie de s'en débarraser. L'affaire va être d'autant plus délicate. Il faut briser Arzah sans la briser, elle.

-Impossible ! décréta Zoroastre.

-Zoro, vas dehors, tu m'énerves.

Le Grand Astrologue de Drasilim sort en maugréant.

-Bien, nous allons rassembler le cercle ce soir, reprit l'Archimage.
Préparez vous bien, car cela va faire trois siècles que nous n'avons pas pris autant de risques.
Mais s'il y a d'autres individus de notre race dans la galaxie, nous nous devons de les aider. Peut-être même nous aideront-ils à mieux comprendre notre Histoire... termina-t-il d'un air pensif.
Une dernière chose. Qu'elle n'approche pas d'Yggdrasil."

Annexe 1 : DRASILIN

Capitale cachée de Chandelarbre, Drasilin étend ses tentacules sur près de 50 kms de fonds sous-marins.

Elle s'organise en une étoile à sept branches autour d'Yggdrasil, l'Arbre-Monde.
Chacune des pointes de l'étoile contient un générateur d'énergie à fusion géant, qui permettent au bouclier de la cité de maintenir une bulle habitable.
C'est aussi la principale faiblesse de Drasilim. Qu'un seul de ces générateurs tombe en panne, ou détruit par une offensive armée, et la cité serait instantanément submergée par des milliards de tonnes d'eau.

La société drasilim est constituée d'humanoïdes au crâne allongés très semblables aux Esras de la planète voisine, mais leur peau vibre d'une lueur verte, tandis que celle des Esras vibre bleu.

Il s'agit des restes d'une civilisation très ancienne qui s'est réfugiée sous les eaux pour échapper au fléau qui ravageait la surface.
Une force sombre s'étendait alors sur le monde, asservissant tous les êtres. Cette force avait un nom. Arzah.

Les drasilims vivent de la culture des limons sous-marins et de la pêche.
Leur technologie est très développée du côté utilitaire, mais relativement peu sur le plan militaire. Ils possèdent toutefois une flotte conséquente de sous marins.

D'Yggdrasil, on ne sait pas grand chose. Il a toujours été là, vous diront les habitants, qui lui portent un culte assez primitif. Cette hypothèse semble impossible, car les arbres ne poussent pas sous l'eau.
Son tronc a un diamètre de 40m, sa hauteur est d'à peu près 150m pour une envergure de presque un kilomètre.
A lui seul il produit plus d'oxygène que les générateurs de Drasilim.

Les drasilims se rassemblent en masse tous les soirs sous ses ramures, et s'assoient en silence pendant une heure. Etrange spectacle que cette marée humaine, immobile et inaudible, méditant aux pieds de l'Arbre-Monde...
Nombre d'évènements étranges sont associés à Yggdrasil. Il n'est pas rare d'entendre des sons, d'avoir des visions et autres expériences irrationnelles lorsqu'on en est proche.

Détail fascinant, c'est exactement au dessus de lui que naissent en surface les étranges tempêtes magnétiques de Chandelarbre.

Qu'est ce qui se passe en moi ?
Je suis perdue, mes pensées rebondissent dans ma tête, et leur echo m'assourdit. Les mots dansent des enigmes auxquelles je ne comprend rien.

Il y a un gouffre au fond de moi, un vortex qui engloutit tous mes efforts pour surnager.
Je me sens tomber. Tomber en tournoyant dans les ténèbres.

Et au fond...
Il est là. Il m'attend. Arzah.
J'ai peur. J'ai peur de ce nom, et il me fait envie.
Et j'ai encore plus peur.

Aidez moi.
AIDEZ moi !

Il y avait treize personnes dans la salle.

Merodès, l'Archimage
Melissandre, la Grande Prêtresse de l'Arbre-Monde
Ecatorpe, le Lien
Androalka, le Façonneur
Sandalfon, le Destructeur
Eclisse, la Guerisseuse
Clotydre, l'Insufleuse
Sostomaque, le Voyant
Talryon, l'Enchanteur
Sepharat, le Convocateur
Cynémacle, le Réceptacle
Babybel, la Pile.

Nisura était la treizième.

A eux tous ils devaient former le problème et la solution.

On me prend, on m'attache.
Il y a beaucoup de monde autour de moi.
Laissez moi. Je suis seule.

On me fait avaler un liquide âcre.
Non, partez. Vous ne pouvez pas m'aider.

Une douce torpeur s'empare de moi. Je ne peux plus lutter.
Non, je n'ai plus envie de lutter.
Ne faîtes pas ça, Arzah va sortir.

Une étrange mélopée s'élève, entre en moi. Plusieurs voix qui chantent chacune une syllabe, mais toutes sont différentes.

Mon corps tout entier vibre, chante, répond à l'entêtante litanie qui emplit l'air.

Une voix, "ô", se détache des autres et entre plus profond en moi.

On essaie de monter un pont, de s'introduire en moi. Je dois résister, on viole mon âme. Je n'ai plus de forces...

Il est entré. Ecatorpe. Qui es-tu ? Tu essaies de me rassurer, mais je sais ce que tu veux faire. Arzah l'a déjà fait.

Arzah ! Aide moi ! Où es-tu ?

Une autre voix s'introduit en moi, courant sur le Pont.
"â". Androalka. Une main de fer s'abat sur ma conscience et immobilise ma volonté déjà faible par la force.

"ff" est entré. Eclisse. Une étrange paix s'installe en moi, essaie de soigner mes plaies.

C'est trop tard, Eclisse.

Ca y est, je sens Arzah ! Il remonte en fulgurant, serpent ailé voilé de rage, le long du gouffre qu'il a creusé en moi.

L'emprise d'Androalka faiblit.

Immédiatement, deux autres intrus traversent le Lien entre la musique et moi. Merodès et Sandalfon. "Mm" et "Râ".
Un "espace" se crée en moi, une zone neutre qui isole Ecatorpe, Androalka et Eclisse de la montée d'Arzah.
L'Archimage et le Destructeur s'interposent dans cet espace. "Mm" fait s'expanser le champ de leur contrôle, Râ rassemble autour d'eux une énergie qui remonte le long du Pont.

Le contact est proche.

Arzah s'embrase, en proie à une fureur toute légitime, on essaie de me voler à lui !

Le tonnerre explose ! Je tremble, mon esprit tout entier est devenu le champ de bataille entre des forces qui me dépassent !
Arzah se rue sur l'Archimage, qui se dresse devant lui, auréolé de défense.
"VOUS NE PASSEREZ PAS !" ( lotr)

Le choc est terrible.
Qui est Merodès, pour s'opposer ainsi à un Dieu ?!
Je sens son esprit trembler, il ne tiendra pas longtemps.

Le "Râ" de Sandalfon implose soudain, libérant une charge terrible qui culbute et consumme Arzah.
Le "Mm" de Merodès s'amplifie, ils regagnent du terrain.

Arzah recule ! Non ! Ca ne peut pas être ! Pas Arzah !

Une colère froide s'empare de moi, prenant au dépourvu Androalka et lui faisant lacher prise.

Le champ de bataille tremble autour des combattants tandis que je reprend le contrôle de moi-même.
J'étouffe d'une pensée Eclisse qui essaye de me calmer. Quelque part, en dehors de moi, son corps s'effondre.

C'est la panique à l'intérieur de moi. Merodès ne peut plus contenir Arzah, qui se jette sur lui.
Ecatorpe dans sa stupeur laisse s'effilocher le Lien, coupant la source à Sandalfon.
J'entend l'Archimage hurler quand Arzah s'abat sur son âme et la consumme de sa haine, et je ris avec le Dieu de voir notre victoire toute proche.
Sandalfon essaie d'intervenir, mais je l'en empêche. Son esprit éclate sous la pression de l'énergie qu'il ne peut libérer.
J'écrase Androalka de ma volonté toute-puissante, et annihile la sienne.

Seul le Lien est encore debout.

Soudain une nouvelle voix remonte comme la foudre le pont qui s'effondre. "Yi". Melissandre.
Oui, viens mourir aussi, Melissandre.

Plus rien ne nous sépare du Lien qu'elle. Je l'atteint avant Arzah, après tout je suis chez moi n'est-ce pas ?
Je m'apprête à la briser en riant, quand tout à coup mon esprit se vide.
Plus rien. Le champ de bataille à disparu, il n'y a plus qu'un écran blanc.
Une bizarre tension calme m'envahit.

Alors apparaît Yggdrasil.
Ecrasant, majestueux, l'Arbre-Monde emplit tout mon champ de conscience, ses ramures s'étendant sur toutes les parties émotionnelles et mentales de mon être.

J'ai peur. Qui es-tu, que fais-tu en moi, comment t'interpose-tu entre ma proie et moi ???

RECULE ! Hors de moi !

Ma volonté toute nouvelle essaie d'enfoncer l'image à coup de bélier.

L'Arbre-Monde ne cille pas, ses racines s'enfoncent profondément en moi.

Je m'épuise.

La révélation tombe comme un couperet sur tout ce que je connais.

Je ne peux rien contre l'Arbre. Car l'Arbre est moi.
L'Arbre est le monde. Et l'Arbre est chacune des composantes du monde.
Je suis l'Arbre. Je suis le monde.

Les phrases tournent en moi comme un kaléidoscope d'émotions contradictoires, s'amalgament et se fondent en une idée unique, absolue.

Ma conscience explose dans une gerbe d'étincelles.
L'espace d'un instant je ressent ce qu'est le monde dans son essence.
L'émerveillement m'empoigne. Il n'y a plus de colère, il n'y a plus que la paix.
Toutes mes souffrances s'évanouissent l'espace d'un instant, et je comprend qu'elle ont été nécessaires à ce qui m'arrive advienne ; je me rend compte que ni le bien ni le mal n'existent dans l'absolu, tout n'est que nécessaire pour que les choses évoluent.
Sans le mal, le monde se figerait.
Sans le bien, le monde s'écroulerait.


FLASH.

La vision s'évanouit.
Arzah est devant moi, dégoulinure putride de haine et d'horreur. Melissandre et Ecatorpe ont disparu, happés par lui.

Pourtant je ne le hais pas. Qu'a-t-il vécu pour en arriver à ce point de dégénérescence ?

"Oui ! Maintenant tu es à moi ! rugit Arzah avec une joie malsaine. Désormais tu n'obéiras qu'à moi.

L'étrange calme est toujours en moi. Je fixe mon regard dans celui du Dieu.

"Non. Tu es à moi dorénavant, et tu m'obéiras."

J'avale Arzah.

Je m'éveille.
Une vague d'informations sur l'alentours me parvient.

Il n'y a personne autour de moi, mais quelqu'un attend devant la porte.

J'ouvre les yeux. Ma vision est étrange. Je vois les apparences, mais je vois aussi les structures ondulatoires qui me font voir les apparences.
Difficile de mettree de l'odre dans tout ça.
Le plafond au dessus de moi est constellé de pierres précieuses. Toutes battent d'une vie propre et exhalent une lumière bleutée qui baigne la pièce. Des saphirs de guérison.

Je me lève. Une robe m'attend.
Derrière la porte, la personne attend toujours. Un garde. Je suis surveillée.
Je souris. Je les comprend. Moi-même à leur place je me surveillerai.
Je ne suis plus la même.
Qui suis-je ? Nisura Sèmerance. La réponse vient d'elle même, mais elle est incomplète. Je suis une entité plus complexe que Nisura Sèmerance.

Une autre présence arrive par le couloir. Je la sens, parce que je suis son but.
Quelques mots s'échangent avec le garde, la porte s'ouvre, une grande femme entre. Elle est de la même race que mon corps, mais issue d'une autre branche de l'Arbre.

Elle me parle avec une appréhension qui s'approche de la timidité.
"-Bonjour Nisura. Je suis Clotydre. Comment vous sentez vous ?
-Nouvelle. Qu'est-il arrivé à ceux qui ont essayé de me sauver ?"
Elle est surprise de me voir entrer ainsi dans le vif du sujet.
"-L'Archimage est mort. La grande prêtresse Melissandre est morte. Le Destructeur est mort. La guerisseuse est morte.
Le Façonneur a perdu la raison. Et le Lien est dans un coma profond.
-Et Orphinèse ?
-Qui est Orphinèse ? "
Je m'enferme dans le silence. Elle ne peut pas savoir.
Elle insiste.
"-Vous ne la connaissez pas. Elle opère par delà le multivers.
C'est grâce à son aide que vos mages ont pu m'aider.
J'espère qu'elle n'a pas été atteinte..."

Clotydre a l'air désemparée. Je ne peux pas l'en blamer, son champ de conscience se réduit à la pièce qui nous contient.
Ca y est, elle a peur. La rassurer, vite.
"-Je suis désolée que cela se soit passé ainsi, et je vous suis infiniment reconnaissante. Quant-à l'Archimage et aux autres, ils ne sont pas morts. Ils vivent à jamais en moi, car je les ai assimilés.
-Mais qui êtes vous ?!
-Je suis la Reine des Couleurs. Aujourd'hui ce titre prend toute sa signification, car il n'y a plus ni blanc ni noir en moi.
Je suis l'Instrument, et c'est par moi que s'exprimera le destin de notre peuple affaibli : la renaissance."

Elle se met sur la défensive. J'ai fait une faute.
"-Comment pourrait-on vous faire confiance ?! Arzah est en vous !
-Arzah est en moi, et Arzah est en chacun de nous. La seule différence qui nous sépare est que je l'ai vu, combattu et vaincu.
Chacun a en lui un côté sombre. Arzah ne fait que l'amplifier pour sy installer. Et comme nous refusons d'accepter ce côté ténébreux comme une part de nous, nous lui laissons un place où s'assoir.La cérémonie d'hier n'a pas été un échec, quelles que soient les apparences. Désormais le noir est mien, au service des couleurs. Arzah ne peut plus rien contre moi.
Je l'entend d'ici clamer sa rage, à la surface.
D'ailleurs, ajouté-je sur un ton badin et primesautier , vous feriez bien d'apprêter les défenses de Drasilin. Il ne sera pas long à venir réclamer sa vengeance. L'orgueil des dieux est leur première caractéristique."

Clotydre reste interdite, désemparée par la tonne d'informations que je viens de lui déverser.
"-Plus tôt vous donnerez l'ordre, Clotydre, mieux vous serez défendus", ajouté-je d'une voix paisible.

Elle se reprend, bredouille quelques mots et sort en trombe.
Que va-t-elle dire aux siens de moi ? Peu importe, les choses se passeront. J'y veillerai.


Mon esprit se tourne vers mon peuple , tout proche à l'échelle interstellaire. J'y lis l'incertitude et la souffrance de la guerre, et j'en tremble.
Tenez bon, mes enfants. Ne perdez pas espoir, la lumière n'est plus très loin...


Un chant me parvient par delà l'immensité de la galaxie, porté par la lumière astrale. Un chant d'espoir et de vie qui me ravit.
Merci de ton aide, Orphinèse, toi qui parle aux étoiles.
J'ai hâte de te parler, car en toi je reconnais mon égale.



Maintenant, au travail. Je m'endors.

Comme l'avait prophétisé Nisura, l'attaque sur Drasilin ne se fit pas attendre.

Quelque quarante heures plus tard, c'est 100 chasseurs lourds et 500 chasseurs légers qui convergeaient vers la cité engloutie.
Tous avaient été modifiés pour l'occasion, leurs boucliers remplacés par ceux des croiseurs afin de générer suffisamment d'énergie pour faire s'ouvrir l'eau autour d'eux.

Drasilin loin s'en faut n'était pas prête à repousser un tel assaut.

Ses cinquante kilomètres de superficie en faisaient un proie indéfendable, et c'est seulement 300 sous-marins qui en assuraient la protection.

Le grand bouclier avait été poussé au maximum, et la flotte avait pour seule mission de protéger les sept générateurs.
Qu'un seul d'entre eux lache... et Drasilin n'était plus.

La tension était à son comble. Tous le savaient : pas un n'en réchapperait.

Drasilin s'affole autour de moi.
Des gens courent, des gens crient, des gens pleurent.
Ils n'ont pas appris à mourir.
On me bousculent, tous se rendent sous l'Arbre pour y prier.
Cela me sera utile, mais pour l'instant cela me ralentit énormément.
Je presse le pas.



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"Premier escardon, en charge du générateur Rofocal III au rapport.
Le champ de mine est en place. Si la flotte adverse ne mollit pas, elle devrait le traverser avant qu'il ait coulé.
Nos quarante-cinq Rascals se sont placés en position d'interception, en trois lignes de freinage.
Je me suis moi-même placé en première ligne pour renforcer le moral des hommes.
-Stupide, colonel. Une fois que vous serez coulé, ce moral va s'écrouler d'autant plus qu'il n'y aura plus personne pour donner les ordres.
Vous ne prendrez plus jamais d'initiative, colonel.
-Je...
-Assez perdu de temps. Quels sont les effectifs estimés de la flotte adverse ?
-Une centaine de chasseurs légers et trente lourds, général.
-Bien. Adieu colonel. Si Drasilin survit, vous serez des héros.



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J'entre sous les frondaisons de l'Arbre-Monde.
Il y a des dizaines de milliers de gens qui se pressent vers le tronc.
C'est là que je vais, moi aussi. Cela ne va pas être simple, il reste un bon kilomètre.
Une migraine commence à poindre dans ma tête. Est-ce le bruit ?


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Des explosions au loin. Le champ de mines. Les remous de l'onde font tanguer les sous-marins.
Un nuage de bulle obscurcit la vue.
-Faîtes partir une volée de torpille ! Ils ne la verront pas venir...

Une nuée de missile part comme autant de balles traçantes vers le nuage.
Tonnerre d'explosions. Mouche !

La seconde volée a moins de succès.


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Ma crâne bat d'une douleur sourde. Mon champ de vision s'obscurcit d'une voile rouge sombre. Ma tête tourne et me fait souffrir un peu plus à chaque pas.
Quelle est cette nouvelle épreuve, alors que mon but est tout proche ?

Je me fraye un chemin en titubant dans la foule. Des voix m'aggressent, des mains m'aggrippent, je n'ai pas le temps de m'arrêter.

Un danger. Devant moi...


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Le nuage de bulles s'ouvre soudain, et en jaillit une escadre de chasseurs, déployés en un V d'attaque.

-Tous en mouvement ! hurle l'officier Drasilim.
Les submersibles quittent lentement leur état stationnaire et tentent de faire front aux chasseurs bien plus rapides.

Une première salve vient d'être tirée par les envahisseurs.
Lentement, leurs missiles air-air fendent l'eau.

-Torpille puis esquive, ordonne le colonel après un instant de réflexion.
La riposte est lancée. Les torpilles-éclairs fusent, croisent les missiles adverses et atteignent leur but avant eux.

Trois chasseurs explosent.
La plupart des sous marins esquivent facilemen les missiles ultra-lents adverses. Un seul est touché, mais il réussit à maintenir son étanchéité en fermant un ballast.

Des cris de joie retentissent sur le premier pont.
Une dizaine de chasseurs ont déjà quitté la bataille, tandis que les sous-marins sont encore tous là.


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Oui, il est devant moi, je le sens. Ma colère monte et mon pas s'accélère, j'ai enfin une cible !


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Une ombre énorme apparaît sur les radars. Que se passe-t-il ???


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Oui, te voilà, c'est toi qui m'attaque de ta haine. Tu harrangues la foule, tu parles de moi. C'est ma faut si tout cela arrive, c'est moi qui ai tué l'Archimage et Melissandre, vous devez vous venger de moi.

Rhâa, cette douleur doit cesser !!

Ta tête explose et éclabousse la foule. Je sens ton sang ruisseler sur mon visage.
Tu as perdu Zoroastre. Ces deux mille ans t'ont aigri, et maintenant je te tue.

Les cris de la foule qui panique me vrillent la tête, pourquoi ai-je encore aussi mal, tu es mort ?!

Rhâa, taisez vous, j'ai trop mal !!

Des gens meurent autour de moi par dizaines. Mon esprit tue d'instinct tout ce qui l'attaque.

-TAISEZ VOUS ! Ma voix est rauque, puissante et porte très loin.
TAISEZ VOUS ET VOUS VIVREZ !


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Un Destructeur !

Tous se taisent dans la flotte Drasilim.

L'énorme cuirassé avance lentement sur eux, bardé de défenses et de canons.


-Missile thermonucléaire dans tube 1 ! Vite !

Devant eux, les chasseurs adverses se réfugient derrière le destroyer.

-Pour que les boucliers de ce monstre lui permette d'entrer dans l'eau, il lui faut un apport d'énergie énorme ! Prions pour toucher un générateur.

Un premier missile nucléaire jaillit du tube, porteur d'espoir.


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Ca y est, tout le monde se tait. Plus personne ne meurt.
Je dois continuer à avancer, malgré la douleur. Il en va du monde.


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A peine le missile thermonucléaire était-il sorti du tube de lancement qu'il était déjà repéré et locké par le déflecteur, le plus gros canon du vaisseau.
Aussitôt un faisceau laser de calibre 550 fusa.

Le missile nucléaire explosa alors qu'il était encore à quelques encablures des sous-marins drasilims.