Le jeu du sort

C'était l'après midi, le destructeur de Gotoh devait bientôt arriver au chantier spatial de la géante Yeshpek, quartier général de l'empire dans une galaxie reculée. Artémis était songeur, il n'avait de nouvelles de ses hommes depuis le départ du destructeur. A Calimport, un impôt spécial existait, spécifique aux plus riches. Ils devaient financer entièrement la construction d'un vaisseau de guerre lourd, généralement un Vaisseau de Bataille, ou plus rarement un Destructeur pour les plus riches.

Entreri ne se sentait pas bien, un sentiment d'oppressement insupportable... Il passait son temps à regarder par la baie vitrée géante, mais évidemment ne voyait rien. Un émissaire de Valinor lui avait communiqué les dernières données stratégiques : un tyran nuisible s'était installé sur une petit planète du quatre vingt sixième système, afin de détruire les flottes de Valinor.
Plein d'appréhension, il avait donné l'ordre de maintenir les quarante trois croiseurs de la flotte en vol, afin d'éviter un désastre. Comme il restait sans nouvelle, il n'était pas tranquille.

Enfin, l'appel vint...

- Seigneur, i...ici le calife de Yeshpek à l'appareil...
- Je vous écoute, calife. Le destructeur de Gotoh est il arrivé ?
- O...oui seigneur, enfin...
- Quoi ? Parlez, enfin !
- Une flotte d'au moins mille vaisseaux de bataille a surgit et a tout détruit...

Artémis fit silence, soupesant la nouvelle en pesant le pour et le contre. Le Livre volé par Gotoh était sans doute tombé en poussière, et ses agents morts. Yiarris lui avait été utile, il le regretterait sans doute quelques jours. Bien sûr, cela l'avait privé du plaisir de descendre le seigneur du crime, mais les pertes n'étaient pas si élevées.
C'était bien entendu la faute du calife, et celui ci allait bientôt mourir.
Il reprit enfin la conversation.

- Très bien, restez ici. Je prend mon vaisseau personnel, je vous retrouve dans votre bureau dans cinq heures précises, soyez là.

Enfin, le maître de l'Empire se leva et marcha d'un pas vif vers le Chantier Spatial...

La tension était palpable à bord, et l'équipage incroyablement silencieux. Lorsque la géante Yeshpek fut enfin en vue, Artémis fit réduire la vitesse, et s'approcha des baies vitrées du poste de pilotage. Un bip sonore retentit dans l'appareil et le pacha se tourna vivement vers la source.

- Que se passe t'il, soldat ?
- Une communication de la Défense Planétaire, maître.
- Laissez les parler.

L'appareil de radio émit un crachottement, et la voix du commandant de la Défense Planétaire de Yeshpek s'en échappa.

- Ici Défense Planète Yeshpek, déclinez votre identité et votre ordre de mission.

Artémis coupa la parole au soldat qui allait répondre avant qu'il ne le fasse.

- Laissez moi parler, soldat. Bien. Ici Croiseur impérial Charon, et c'est Artémis Entreri qui vous parle. Dites à la Sainte Lame de se préparer immédiatement pour un rendez vous d'ici une heure dans son bureau.
- B...bien maître. Vous avez la piste Alpha-16 pour atterir.

Coupant court à la communication, Artémis se replongea dans ses pensées...

Tranquillement escorté par une dizaine de chasseurs, l'imposant croiseur passa la Défense Planétaire, dont la majeure partie était bâtie sur les astéroïdes qui gravitaient autour de la géante Yeshpek.

La plateforme décrite par l'officier de la DP fut enfin en vue, se détachant des immeubles pointus profilés de Yeshpek. Depuis des années, l'Empire pratiquait la centralisation massive, les planètes dépendaient toutes de Calimport, joyau de l'Empire et n'étaient pour la plupart qu'exclusivement minières.
La nécessité de s'implanter ailleurs révolutionna le système de colonisation de Calimshan, et Yeshpek fut choisie comme héritière de Calimport. Le développement minier était déjà bien avancé, ayant reçu des aides de scientifiques compétents et la production spatiale efficace.

- Maître ! Une communication urgente d'Arathi !
- Quoi ?! Mais passez la sur le canal, imbécile !
- T...tout de suite maître.

Alors que le croiseur s'approchait de la plateforme, Artémis lui marcha à grands pas vers l'appareil de communications.
Une voix grave grésilla par l'appareil, la communication étant de mauvaise qualité à cause de la distance.

- Ici commandant Kermadec, chef de la chiurgie de l'Hopital militaire de Valara...

Un grésillement fit suite aux paroles du commandant, et Artémis resta figé un instant, contemplant l'appareil. Les soldats se regardaient anxieux, peu savaient qui était le commandant Kermadec, mais tous se doutaient qu'une communication urgente d'Arathi directement destinée à leur maître n'était pas de bon augure...
Enfin, Artémis se décida à répondre.

- Je vous entend convenablement, commandant. Ici Artémis Entreri, je vous écoute.
- Ah, pacha... Nous essayons de vous joindre depuis trois jours mais des interférences nous ont empêchés d'établir une liaison avec vous...
- Que se passe t'il, commandant ?

Entreri fut soudainement pris d'un très mauvais pressentiment... Il avait bien entendu eu vent des attaques répétées subies par son cousin, l'Amiral Valombre de la Fédération d'Arathi...

- C'est l'Amiral, pacha...
- Ne me dites pas que...
- Il est en vie, pacha, et je pense que son existence est hors de danger. Mais je tenais à vous prévenir.
- Vous avez très bien fait, commandant. La qualité de notre transmission est très mauvaise, et vous me narrerez ça en détail quand je serai présent.
- Bien, pacha. La conseillère Daliana souhaitera sans doute avoir une entrevue avec vous.
- Bien entendu...

Il n'eut pas le temps d'en dire plus, la communication fut coupée brutalement. Il tenta de reprendre le contact mais sans succès. Un des hommes du poste l'apostropha timidement.

- M...maître, nous avons atterit.
- Mhm... Quoi ? Ah oui en effet. Faites immédiatement le plein de carburant et allez me chercher la Sainte Lame. Vous Gathran, trouvez moi vos deux frères, je crois qu'ils traînent dans une taverne du Chantier Spatial.
- Bien maître...
- Soyez sans faute là dans une heure et demie, je n'attendrai pas plus.

Laissant là les hommes qui avaient appris à connaître leur maître mais qui les surprenait toujours par ses changements d'avis au dernier moment ou ses idées inexpliquables mais la plupart du temps justes, Artémis sortit du croiseur et se mit à marcher vers la Tour de l'Administration...