Le Début d'une ère nouvelle...

Le soleil se levait sur Tarren. Encore une belle matinée ou l'astre joyeux bondissait vers un ciel sans nuages.
Nicolas de la Harpe sortait de sa demeure pour admirer l'aube. Respirant l'air pur des montagnes de Haut Perchoir, il savourait cet instant qu'il adorait plus que tout.
Il soupira et se dirigea vers sa voiture. Il regarda une dernière fois la demeure de ses ancêtres, et marcha vers son avenir.
Quelques minutes plus tard, il arrivait au spatioport de Haut-Perchoir. Un garde l'arrêté à l'entrée de la zone militaire.

-Bonjour monsieur, identité s'il vous plaît.
-Inspecteur de la Harpe, police de Tarren.
-Ah oui, on m'a prévenu. Suivez ce robot, il va vous mener au transport Hiver III. Passez une bonne journée.

L'officier suivit les instructions du garde, et il arrivait bientôt au transport militaire Hiver III. Transporteur lourd de 2ème génération, mis en service peu après l'attaque d'Arathi, il faisait la navette entre la Capitale et Tarren une fois par jour.
Et aujourd'hui, il embarquait le jeune homme vers un nouvel avenir.

-Nous allons bientôt arriver. Inspecteur, une navette vous attend pour vous emmener à Valara.
-Merci Capitaine. Et pour mes affaires ?
-Ne vous inquiétez pas, ils vous suivront de près.
-Bien. Bon courage Capitaine, je crois que nous ne nous reverrons plus avant longtemps.
-En effet. Celà dit... on ne sait jamais. C'était prévisible, vu vos débuts à la police de Tarren, vous deviez vous y attendre. On le savait tous.
-Je l'ai beaucoup entendu oui. Mais aussi vite...
-Nous atterissons. Bonne chance monsieur, vous nous manquerez sur Tarren.
-Je n'oublierais pas ma planète natale, je reviendrais.
-J'espère bien. Allez, ne vous faites pas attendre.

-Inspecteur de la Harpe ? Bonjour, Lieutenant Kaynes de la Gendarmerie Fédérale. Je suis chargé de vous accompagner à Valara.
-Enchanté Lieutenant. Puis-je en savoir plus, ou pas encore ?
-Concernant votre affectation sur Arathi ? Oh oui bien sur. Vous connaissez surement la DSI ?
-Oui la Direction à la Sécurité Interieure. Mais en quoi est-ce que celà à un rapport avec ma mutation dans la Police Fédérale ?
-Justement, Inspecteur. Ou devrais-je dire Agent Spécial. Vous êtes à présent agent de terrain de la DSI.
-Pardon ? Mais...
-Suivez moi, le directeur adjoint Jean-Louis Letellier vous attend. Il vous expliquera tout ça mieux que moi.

Le jeune homme ne comprenait plus rien. Inspecteur depuis ses 20 ans, il avait servi fidellement la police de Tarren au service du préfet de Tarren. Il avait reçu une lettre de la commission à la Sécurité Interieure lui notifiant sa mutation sur Arathi. Vu qu'on ne trouvait que des organismes fédéraux sur la planète mère, ces lettres étaient toujours des lettres de promotion dans un de ces organismes. Et généralement, un inspecteur de police locale était muté dans les locaux de la police fédéral.
La DSI, ou Direction à la Sécurité Interieure, était un organisme de contrôle mis en place suite aux récentes affaires de corruption et à la multiplication des crimes au travers de toute la fédération. La DSI opérait indépendamment de la police fédérale sur des affaires particulièrement importantes et touchant la sécurité de la Fédération. Mais contrairement aux agents de la DIF, L'Inspection Fédéral, les hommes de la Sécurité Interieure cumulaient droits policiers, droits d'espionnages et droits d'intervention militaire. Ils étaient là, mandatés par l'Amiral lui même, pour assurer la cohésion et l'unité de la Fédération.
N'ayant suivi qu'une formation policière et une entrainement militaire, ce descendant de noble de Tarren ne se doutait absolument pas qu'il y serait muté.
Encore surpris, il ne se rendit pas compte qu'il arrivait en vue des bâtiments noirs de la DSI.

-Nous y sommes. Monsieur ? Monsieur...
-Oui, quoi ? Oh, désolé. Allons y.

Les deux hommes descendirent de la petite navette atmosphérique. On les attendait.

-Inspecteur de la Harpe je présume ? Jean-Louis Letellier, Directeur Adjoint de la DSI. Suivez moi s'il vous plaît.

Il suivit son nouveau superieur vers l'impressionant bâtiment noir. On pouvait voir l'affichage holographique qui marquait ces trois lettres blanches sur la paroie lisse du complexe : D. S. I. Et la Licorne aîlée, emblême de l'organisme, gardait les secrets de l'organisation.

L'interieur du bâtiment lui rappela plus son envirronement de travail. Des rangées de bureaux où travaillaient des centaines d'agents et d'employés. Le centre était très actif, mais pas agité, chaque geste était posé et le travail était toujours bien fait.
Le bureau du Directeur Letellier trônait au premier étage, lui permettant de surveiller ses hommes d'un simple regard. Simple, il n'était meublé que de quelques armoires, d'un bureau angulaire et de trois chaises. Le drapeau fédéral était placé derrière le siège du directeur : l'étoile, la flamme et les lauriers sur un drapeau gris. Le gris du souvenir. La mémoire de ceux qui sont morts sur Terra, et de tous ceux qui sont morts pour la Fédération. Le nouvel agent se recueilla quelques instants, son père ayant trouvé la mort dans l'attaque de la flotte Fédérale.

-Monsieur de la Harpe ?
-Oui, excusez moi, je...
-Ca ne fait rien. Bien. Je suppose que vous vous posez quelques questions. Je vais vous en apporter les réponses. Vous pensiez venir ici pour rejoindre la Police Fédérale. Mais désolé, vous êtes trop brillant pour celà. Vous êtiez le plus jeune inspecteur de tout le système d'Arathi. Votre parcours est exemplaire : Premier à l'académie de police de Tarren, entrainement militaire relevé haut la main, diverses diplomes à l'université de Tarren et celle d'Arathi. Vous êtes un élément idéal pour la Sécurité Interieure.
Nom bien ambigüe d'ailleurs. Comme vous le savez surement, sous couvert d'assurer la sécurité de la Fédération, nos opérations sont extrêment variées, allant de l'inspection policière aux interventions militaires, l'espionnage, la recherche et la protection rapprochée.
En vous remettant votre plaque de la DSI, je vous donne un pouvoir très grand. Mais aussi un devoir et une reponsabilité très importants. En la prenant, vous acceptez de servir sans faille la Fédération, d'obéir à vos superieurs quoiqu'il vous en coute.
-J'ai déjà donné ma vie à la Fédération, comme mon père avant moi. Je vous remercie de m'accorder cette confiance, je tacherais de m'en montrer digne.
-Très bien. Bienvenue à la Sécurité Interieure, Agent de la Harpe. Vous allez être affecté à une unité d'investigation en tant qu'agent de terrain. C'est ce que vous savez faire de mieux. Assurez vous que ceci n'est que provisoire, et que votre mutation dans un autre service de la DSI ne saurait tarder.
-A vos souhaits. Je vous suivrais.

-Salut Diane, ça va ?
-Bof... j'ai travaillé toute la nuit sur le vol au dépot fédéral et j'ai toujours rien.
-Tu devrais prendre un peu de temps pour toi...
-Je t'y verrais bien. Horacio m'a demandé un rapport pour dans 2 heures et je n'ai toujours rien à lui apporter.
-Quand on parle du loup...
-Bonjour.
-Bonjour chef.
-Diane, ce rapport ça avance ?
-Non monsieur.
-Bien. Qu'est ce que vous avez à rester là Agent Taurinya ? Je vous avait demandé de visionner les vidéos de surveillance.
-C'est fait monsieur mais...
-... vous n'avez rien trouvé, recommencez.
-Bien monsieur.

Les deux agents de l'unité d'investigation se remirent immédiatement au travail. Le groupe, composé de trois agents et un superviseur, s'occupait des affaires les plus difficiles ou les plus sensibles, reprenant des dossiers à la Police Fédérale ou intervenant directement dans les affaires policières.
Malheureusement, un agent avait été tué une semaine plus tôt dans une opération, et l'ambiance du groupe en avait été affectée. Même le superviseur, réputé pour être l'un des plus efficaces, mais aussi l'un des plus exigeants de la DSI, en était resté silencieux quelques jours.

-Excusez moi, superviseur de Valos ?
-Oui. Qu'y a t il ?
-Agent spécial Nicolas de la Harpe. Voici ma lettre d'affectation.
-Quoi ? Montrez moi ça...

Les deux agents Diane Croizette et Pierre Taurinya se regardèrent... Visiblement surpris, le superviseur n'allait surement pas apprécié d'être dépassé dans le choix d'un agent pour son équipe.

-Le directeur adjoint Letellier n'est-ce pas ? Bon... on va faire avec. Voici les clés de votre bureau qui se trouve ici. Voici les Agents Diane Croizette et Pierre Taurinya, qui seront vos coéquipiers. Votre travail commence ce matin. Aidez donc votre nouvelle collègue à finir son rapport et à avancer sur l'affaire du dépot fédéral. Quelques précisions : ici c'est moi qui commande, je suis là pour vous apprendre à bien faire votre métiers. Regardez, apprenez, obéissez. Et ne soyez jamais en retard. Vous comprendrez rapidement le fonctionnement de mon unité en faisant les nombreuses erreurs que font toujours les débutants. Bienvenue quand même, et au boulot.

-Hum... pas commode le superviseur.
-Oh t'inquiète pas, il a l'air comme ça mais il est pas méchant. de la Harpe toi c'est ça ? Bienvenue parmis nous ! Tu nous viens d'où ?
-Merci. Je viens de Tarren j'étais dans la police locale.
-Oh c'est donc toi...
-Moi quoi ?
-Non rien. Bon tu m'aides à faire ce rapport ?
-Oui bien sur. Le temps de m'installer et j'arrive.
-Oh pas besoin, normalement on a dû te donner ton identifiant et ton code d'accès personnel. Ton poste informatique a été formaté pour toi en fonction de ton ancien poste, sur Tarren. Tu verras, c'est très simple. Le dossier y est déjà. Quand tu l'auras lu, je te ferais un petit point.
-Très bien. Merci beaucoup.
-Pas de quoi.

Le bureau noir, en angle droit, était simple et sobre. Une plaque portant son nom venait d'être posée dessus. Un ecran tronaît au centre, posé devant une interface informatique de base.
Le nouvel agent s'installa et entra ses identifiants. Il comprit très vite le fonctionnement du système et ne tarda pas à trouver le dossier sur lequel il était chargé de travailler. Un vol au dépot fédéral. La nature exacte des objets volés n'était pas indiqué mais c'était du materiel militaire, des armes classées secret défense dans un dépot fédéral. Les coupables devaient avoir un informateur. Pour couronner le tout, ils étaient très bien entrainés : aucune trace d'efraction, pas d'empreintes, ils étaient passés à la barbe des gardes et des alarmes. Seul l'inventaire du lendemain avait permis de déceler le vol.
Il fallait absolument remonter la piste des objets volés.

-Dites, pourquoi n'avons-nous pas la nature des éléments manquants ?
-L'affaire ne nous a été transférée que recemment. Et la Police Fédérale n'a pas forcément les mêmes autorisations que nous concernant le materiel classé secret.
-Bien. Je crois qu'il est temps que nous allions sur place. Vous venez ?
-Non, je dois finir ce rapport.
-D'accord. Je vous tiens au courrant.

Dépot Fédéral de Valara

Daniel était debout devant les impressionantes portes blindées du mur d'enceinte du Dépot Fédéral. Habituellement, elles étaient ouvertes à cette heure de la journée, mais suite au vol, le Commandant avait donné l'ordre de les maintenir fermées pendant la journée aussi.
Les tours de gardes étaient d'un ennui monumental. Rester debout comme un con devant un porte pendant plus de 15h était ce qu'il y avait de pire pour un soldat de l'armée.
Tiré de sa torpeur par le bruit sourd d'un véhicule, le garde leva les yeux et vit une voiture noire s'approcher. Il dévérouilla son arme et s'approcha, on ne savait jamais...

-Bonjour monsieur. Vous êtes devant un Dépot Fédéral des Armées, il vous est int...
-Agent de la Harpe, de la Sécurité Interieure. Voici ma carte.
-Oh pardon monsieur. Je vous fais ouvrir tout de suite. Vous êtes là pour le vol ?
-Oui, en effet.
-Ah bah c'est pas trop tôt.
-Merci soldat. Bonne journée.

L'agent entra dans l'enceinte protégée du Dépot. Il passa une succession de 7 contrôles d'identité standard, 3 contrôles des empreintes digitales, 2 scan de l'iris et un test ADN.
De deux choses l'une : les responsables du vol travaillaient ici, ou alors il y avait un haut gradé parmis eux.
Observant les lieux, il remarqua les nombreux gardes, les capteurs, les caméras et les vigies. Définitivement, les responsables n'avaient pas à attirer l'attention ici. Ce qui voulait dire qu'ils venaient souvent ici à défaut d'être encore sur place.
Il en saurait surement plus s'il connaissait la nature des objets volés.

-Bonjour monsieur de la Harpe. Ravi d'enfin vous voir ici.
-Moi de même Commandant.
-Voilà, je suppose que vous savez déjà tout ceci. Les suspects ont commis le vol entre 3h et 3h10 du matin, avant hier, dans le bâtiment central du dépôt. Je vous menerez tout à l'heure au coffre concerné. Les caméras de surveillance ont été éteintes, on ne sait pas encore comment, durant cet intervalle de temps, et les capteurs diverses désactivés. Nous ne nous sommes rendus compte du vol que le matin, à 7h lors de l'inventaire.
-Je vous arrête tout de suite Commandant, j'ai lu le rapport de la Gendarmerie Fédérale. Une des nos équipes est en route pour analyser la pièce et recueillir le plus d'indices possibles. Serait-il possible de savoir ce qui a été volé.
-Hum... les objets volés sont classés Top Secret, je n'ai pas le droit de révéler leur contenu sans autorisation à un civil...
-Je ne suis pas un civil, Commandant. Voici l'autorisation du Directeur Adjoint Letellier pour avoir accès à cette information, et si ça ne suffit pas je reviens dans une heure avec un ordre de la Commission à la Sécurité Interieure du Conseil Fédéral. Je suis sur que vous n'aimeriez pas en arriver là.
-Bien bien d'accord, j'appelle mes superieurs.
-Faites vite.

Cette histoire lui semblait tout à coup très bizarre... Discrètement, l'agent saisit un mouchard plat et le colla sous le bureau du Commandant.

-Colonel ? Oui, j'ai devant moi un Agent de la DSI avec un ordre du Directeur Letellier... Surement... Je crains que oui, monsieur. Bien, je ferais de mon mieux. A vos ordres. Bonne journée monsieur. Agent de la Harpe ? Dans l'essentiel, les objets volés sont des données de recherche, accompagnées de quelques prototypes d'armes.
-Quels types d'armes ?
-Pistolets de précision.
-Bien. Et pour les données ?
-Suivez-moi, je crois que vous montrer de quoi il s'agit vaudra toutes les explications.